Exemple de mise en oeuvre d’une approche systémique dans le cadre de l’EEDD: étudier le cas de la déviation du fleuve Acheloos en Grèce

image acheloos.jpg (0.5MB)
le fleuve sur Wikipedia
Le gouvernement grec prend la décision de faire dévier le fleuve le plus long du pays, Acheloos. La rivière coule de la chaîne de montagnes de Pindos à la Grèce occidentale, qui divise le tronc continental du pays le long de l'ouest et de l'est. Acheloos relève de la décision de la Commission européenne 2006/613 / CE et est l'un des sites d'importance communautaire dans la zone géographique méditerranéenne.
La situation
La rivière est située dans la partie ouest du pays. Appelons-la zone A. La déviation apportera de grandes quantités d'eau à l'est du pays, où se trouve l'une des plus grandes plaines. Appelons-la zone B. Ce projet couvrira les besoins d'irrigation dans la zone B, avec la production simultanée d'énergie hydraulique. Cette déviation est considérée comme le plus grand projet d'aqueduc jamais entrepris dans le pays. Il est prévu de détourner un tiers du débit annuel de la rivière.
Le problème majeur qui devait être résolu a été de trouver des ressources financières pour ce projet. L'absence d’identification de ces ressources a conduit les organismes responsables du projet à «casser» le projet en petits morceaux et à démarrer la construction de certains barrages hydroélectriques par la Compagnie Publique d’Electricité (‘DEI’), cofinancés par la Communauté européenne.
Quatre tunnels de déviation ont été construits à ce jour. Les tunnels de déviation sont de petits tunnels qui détournent l'eau du lit principal de la rivière et la ramènent au chevet après quelques centaines de mètres pour permettre la construction du barrage. Inversement, aucun travail d'amélioration des terres n'a été fait jusqu'à présent dans la plaine. Un des barrages prévus a également commencé à être construit.
Le projet viole le droit communautaire de l'environnement. Les habitants de la Zone A sont opposés au projet de déviation car l'impact sur le delta du fleuve et le complexe des zones humides qui fournit seront dramatiques. La déviation va également raccourcir l'eau pour l'irrigation de leurs terres. En outre, les barrages vont inonder des zones avec des monuments byzantins importants. En revanche, les résidents de la zone B, qui recevront les eaux détournées considèrent que ceci est un important projet de développement. Leur occupation principale est l'agriculture et, chaque année, ils ont besoins de quantités croissantes d'eau pour l'irrigation, sinon ils seront détruits financièrement.

Le but de l'exercice est que les stagiaires se rendent compte:
  • de l'interdépendance des facteurs écologiques, sociaux, économiques et politiques qui sont à la base du problème.
-que la dégradation de l'environnement n'est pas un fait fatal et inévitable. C'est le résultat et le reflet de nos choix économiques et sociaux.
-que la qualité de vie est inextricablement liée à la qualité de l'environnement.

Objectifs spécifiques
Que les stagiaires :
-Comprennent ce que signifie la déviation du cours d’un fleuve
-Prennent connaissance des impacts environnementaux issus de la déviation du fleuve Acheloos
-Se sensibilisent sur la question de la dégradation de l’environnement à cause de la déviation
-Prennent connaissance des acteurs et groupes sociaux impliqués dans la question de la déviation de Acheloos et de leurs positions (arguments ‘pour’ et ‘contre’ le projet de déviation)
-Arrivent à éclaircir les valeurs sous-jacentes aux arguments des différents acteurs
-Arrivent à saisir les responsabilités de chaque parti prenante
-Prennent connaissance de solutions alternatives au problème
-Prennent conscience des moyens promouvoir ces solutions, c'est-à-dire des actions que pourrait mener tout citoyen actif qui voudrait s’impliquer dans la protection de l'environnement

L’étude du sujet passe par trois étapes:

1ère étape: Reconnaître et faire émerger la complexité de la question de la déviation du cours du fleuve
  • a) Cette phase détermine les facteurs impliqués dans le sujet à étudier
À titre indicatif, les acteurs impliqués, *en faveur* de la déviation de la rivière sont:
Le ministère de l'Environnement, la Fédération des associations rurales de la région ‘B’, le Président de la Chambre des Ingénieurs de la zone B, des élus de la zone B, le Centre des Syndicats de la région B, les résidents de la zone B
Les acteurs impliqués *contre* la déviation de la rivière sont:
Les résidents de la zone B don’t les champs seront inondés, des agriculteurs de la région A où l'eau d'irrigation sera diminué, un eurodéputé grec s’étant prononcé contre la déviation, des archéologues dans la zone A car des monuments byzantins seront inondés et détruits, des élus régionaux de la zone A, des deputes parlementaires de la zone A, des pêcheurs de la zone A, des organisations environnementales des zones A et B, les résidents de la zone B dont les villages seront inondés, des scientifiques spécialisés-enseignants à l'Université.
  • b) On identifie les relations entre eux
Comment la question de la déviation a-t-elle apparu ? Quels ont été les antécédents historiques? Quels acteurs sont impliqués? Quel est leur rôle? Quelles sont leurs positions? Quels sont les arguments qu'ils défendent? Leurs arguments sont-ils bien fondés? Dans quels domaines y aura-t-il des impacts? Qui paiera le coût des impacts? Que va-t-il se passer s'il n'y a pas de changement dans la gestion du problème? Dans quel mesure ce problème me concerne, directement ou indirectement?
Nous recherchons une analyse critique des arguments, des priorités, des valeurs et des intérêts des acteurs impliqués dans la question de la déviation. Nous voulons que le stagiaire voie le problème dans son contexte social.

  • c) Etude du sujet en examinant des échelles de territoires et de temps variées
On étudie l’évolution de cette question dans le territoire (local, régional, national…) et dans le temps (passé, présent, futur).

2ème étape : Recherche de solutions alternatives au sujet étudié
Dans cette phase, notre objectif est que les stagiaires arrivent à identifier la gamme des solutions alternatives, les implications possibles de chaque solution, pour étudier la résistance sociale aux alternatives proposées. A travers la recherche de solutions pour éviter le déviation du fleuve, les stagiaires ont la possibilité de découvrir:
-Y a-t-il des alternatives? Qu'est-ce qui pourrait être changé au niveau de la planification, pour qu'il ne soit pas nécessaire de dévier le cours de l’eau, tout en satisfaisant en même temps les besoins en eau dans la zone B pour l’agriculture et la production d'énergie?
-Quels types d’interventions doivent être réalisés, par quels processus au sein des communautés locales, et qui contribuera à la réalisation des alternatives? Par quels critères pouvons-nous évaluer les solutions proposées? etc.
-L’importance des partenariats pour résoudre le problème
La recherche et le choix des solutions amènent à se poser la question "comment procéder au passage de décision à sa concrétisation?". Nous passons donc à la troisième étape.

3ème étape: Sélection des moyens pour mettre en œuvre la (ou les) solution(s) proposé(es)
La recherche de modes d'action pour identifier ou mettre en œuvre les solutions proposées, passe par la compréhension des institutions et des fonctions sociales ainsi que par la compréhension des différents modes d’intervention des citoyens. Cette phase permet à l'apprenant de se rendre compte des difficultés qu’il y a à adopter des nouvelles valeurs, de comprendre l'éventail des actions sociales possibles, d’étudier la résistance sociale au changement de comportements et d'attitudes et d’être amené à sélectionner les solutions les moins nocives pour l'environnement.

L’auteur de la fiche : Ragkou Polyxeni




Actualités Un réseau en Europe Vidéothèque